Milieux de dépôts et foraminifères (Orbitopselles etc.) dans le Lias du Haut Atlas (Maroc).

Ci-dessus, détail d'un cycle d'émersion (régression marine) calcaire, déduit des structures sédimentaires et diagénétiques (transformant le sédiment en roche: compaction, cimentation, etc.) à l'intérieur d'une seule couche géologique du Lias moyen (datée de 190 millions d'années). En bleu: niveaux marins peu profond à foraminifères et grandes huîtres (Lithiotis) dans les chenaux de marée. En jaune: émersion du lagon, avec des dépôts de tempêtes ( voir photos ci-dessous et modèle en 3D) et parfois pistes de dinosauriens.

Dans la formation d'Aganane étudiée avec J. Jenny, on compte une bonne centaine de ces couches; les variations du niveaux marins dans le lagon sont donc cycliques, mais on ne connaît pas encore la cause de ce phénomène (cause astronomique ou cause plus locale, autocyclique ?).

 

 

 

 

 

Les photos ci-dessous illustrent le mécanisme du cycle émersif (régression marine), en commençant par les niveaux marins, pour finir avec les dépôts de tempêtes émergés:

 

Calcaire à grandes huîtres plates (lithiotidés), lagon et chenal de marée.

 

Ci-dessous, sable carbonaté marin à grands foraminifères (Orbitopsella sp.) du Haut Atlas. Ce microorganisme fossile est limité au Lias moyen (Carixien), daté de 190 millions d'années. On remarquera la fraîcheur du sédiment pétrifié (cimenté), qui a gardé l'apparence d'un sable de plage actuel (cf. article sur la Tunisie avec E. Davaud).

 

Le grand foraminifère Orbitopsella sp. en volume, dans une couche marine du Lias moyen (Moyen Atlas).

 

Sable marin, recouvert de stromatolithes en mamelons (tapis bactériens recouvrant le fond du lagon, vus ici en section polie). Lias moyen, Haut Atlas.

 

Structures en "teepee" au sommet d'un cycle régressif, vues en sections. Un modèle actuel en 3D est illustré par la photo suivante. Lias moyen, Haut Atlas.

 

 

Structures en "teepee" actuelles à la surface d'un marais salant, Rif marocain. Les fines couches de sédiment se soulèvent à la suite de la cristallisation du sel provoquant une augmentation de volume. On observe le même phénomène dans les "chotts" tunisiens (cf. l'article no 35 avec E.Davaud).

 

 

Brèche de tempête au sommet d'un cycle d'émersion. Les couches stromatolithiques et les "teepees" ont été bouleversés (remaniés) par le passage d'une vague tempétueuse, puis cimentées naturellement au cours des millions d'années.

 Jurassique inférieur du Haut Atlas, col d'Adoumaz. La photo suivante montre un exemple actuel après le passage d'une tempête aux Bahamas.

 

 

Croûte calcaire et dolomitique (milieu émergé, supratidal) disloquée par le passage d'une tempête récente au bord d'un chenal des Bahamas. Comparer avec la photo précédente. Le climat au Jurassique n'était pas meilleur qu'aujourd'hui, mais les catastrophes de l'époque n'inquiétaient que les dinosaures...!

 

 

Carte paléogéographique du Haut Atlas central et milieux de dépôts au Jurassique inférieur; La plaine supratidale émergée (en jaune) a subsisté pendant une grande partie du Lias moyen. Par contre les cycles émersifs (régressifs) décrits plus haut dans cette page, caractérisent surtout le lagon (en bleu). En noir: la mer ouverte, type "Mer Rouge" qui s'ouvrait plus à l'Est sur l'Océan téthysien.